Littérature, rites et transgression dans Histoire de l’œil de Georges Bataille

Cet article étudie les rapports entre la littérature, les rites et leur transgression à travers l’oeuvre de Georges Bataille (1897-1962). Dans ses travaux de sociologie, Bataille montra que la fonction des rites est de distinguer les domaines du profane et du sacré afin de rendre la vie sociale possible. Dans Histoire de l’œil (1928), son récit le plus connu et un texte clef de la modernité, toute une série de rites est pourtant explicitement transgressée. Tant le rapport des protagonistes à autrui que leur faculté de parler s’en trouvent alors affectés, et les possibilités mêmes de la vie et du récit y sont donc conjointement interrogées. This article studies the links between literature, rites and their transgression through the work of Georges Bataille (1897-1962). In his sociology essays, Bataille showed that rites’ purpose is to separate the profane from the sacred in order to make social life possible. Yet, in Story of the Eye (1928), his most famous narrative and a key text for modernity, a whole series of rites is explicitely transgressed. Both the protagonists’ relationships to others, as well as their ability to speak, are therefore affected, and the very possibility of life and of narration are thus jointly interrogated.